
A la rencontre des livres de...
GEORGES MEUNIER
Site officiel de l'auteur
DEUXIEME CHANCE - Extrait
CLIQUEZ SUR LA PHOTO DE LA COUVERTURE POUR LIRE UN EXTRAIT EN MODE "LIVRE"
Interview de Georges Meunier sur RTV FM
le 23 mai 2016 "Langage et exclusion"
Pendant les semaines qui suivirent, Benjamin se tint tranquille. Plus par contrainte que par choix. Il fallait qu’il réunisse pour le tribunal un dossier montrant qu’il avait fait des recherches d’emploi ou d’apprentissage, et cela lui prit beaucoup de temps, qu’il ne put consacrer à d’autres activitésplus risquées et plus lucratives. Par bonheur, Aldo, son colocataire avec lequel il partageait une chambre de bonne, l’aida pour les paperasses. Aldo avait cinq ans de plus que lui ; il venait souvent à son secours, comme l'aurait fait un grand frère, et n’avait guère pour défaut que de posséder une guitare et de croire qu’il chantait juste. Il avait par-dessus tout une qualité inappréciable, c’était de ne pas mettre son nez dans la vie des autres si on ne lui demandait rien. Benjamin fut donc très surpris quand un matin, au moment où il allait partir débarder quelques cageots aux halles, Aldo alluma la lampe de son lit, et lui dit:
— Ce soir, je ne serai pas là . Je te laisse «l’appart’»pour toi seul. Enfin, pas tout à fait, tu verras, c’est un cadeau.
— Un cadeau? s’étonna Benjamin, qui avait déjà ouvert la porte. Pourquoi?
— Eh bien, j’ai vu sur les papiers que tu m’as demandé de remplir que tu aurais dix-huit ans demain. Ça se fête, non?
Ce n’est qu’à son retour, le soir, au moment de pousser la porte de la chambre, que Benjamin se souvint de ce qu’Aldo lui avait dit quand il partait. Il n’y avait plus pensé. La journée avait été épuisante. Il n’avait trouvé à travailler que chez un négociant en viandes, et les quartiers de bœuf lui avaient brisé les reins. Il était tout à coup curieux de savoir ce qu’Aldo avait pu lui laisser comme cadeau. Il chercha sa clef et l’introduisit dans la serrure. C’était ouvert. Aldo avait-il changé d’avis? Mais ce n’était pas Aldo qui était assis sur son lit. C’était une femme. Brune. Jeune. Mince, plutôt petite. Elle le regardait avec un peu d’appréhension et, devant sa surprise, elle bégaya:
— C’est... c’est Aldo qui m’a demandé...
— Je sais, répondit faussement Benjamin.
Il s’installa sur l’autre lit, en face d’elle. Elle était plutôt jolie.
— Tu as quoi, dans ce sac? dit-il en désignant un sachet de plastique posé à côté d’elle.
Elle prit le sac et le lui donna.
— Je suis passée au «Macdo». Aldo m’avait dit que tu aurais faim. J’en ai pris pour moi aussi. Tu veux qu’on mange? C’est encore un peu chaud.
Benjamin ne répondit pas. Il distribua les cartons et les gobelets pleins de soda et posa le sac par terre, entre eux.
— Ce sera la poubelle, fit-il en plantant les dents dans son sandwich. Tout en mâchonnant, il l’observait. Il se dit qu’elle grignotait comme une souris, à toutes petites bouchées, plissant le front à chaque nouvelle entaille de ses incisives dans le pain. Elle n’était pas à la moitié de son repas quand il termina le sien. Il s’allongea sur son lit avec un rot sonore et attendit, les yeux rivés au plafond. Au bout d’un moment, il l’entendit mettre dans le sac les emballages et les gobelets. Puis, après un silence, une question :
— Tu veux que je vienne? Il se tourna vers elle. Il avait bien fait de s’allonger, ses reins commençaient à lui faire moins mal. Elle avait à nouveau l’attitude inquiète, apeurée, même, qu’il lui avait vue en arrivant.
— Non, répondit-il.
— Pourquoi? Tu sais, Aldo m’a payée, je ne te demanderai rien.
À nouveau, il ne répondit pas, continuant à la dévisager sans la voir. Puis il attrapa son blouson et en extirpa un portefeuille dont il se mit à explorer les poches. Il finit par en sortir une photo, qu’il lui tendit.
— Tu ne trouves pas qu’elle te ressemble? lui demanda-t-il.
Elle fronça les sourcils. Elle devait être un peu myope.
— C’est ta petite amie? interrogea-t-elle. Oui, je trouve qu’elle me ressemble. En plus vieux.
Benjamin lui reprit la photo, et la rangea soigneusement dans le portefeuille qui était resté ouvert près de lui sur le lit.
— Non, c’est ma mère, laissa-t-il finalement tomber. Elle allait avoir trente ans.
En disant ces mots, Benjamin s’était remis sur le dos. Il poursuivit, sans la regarder:
— Elle aussi, elle se débrouillait comme elle pouvait pour nous trouver à vivre à tous les deux. Un peu comme toi. En fait, à la fin, je ne l’ai plus beaucoup vue. Quand cette photo a été prise, j’avais huit ans ; je lui avais été enlevé depuis trois ou quatre ans déjà .
Il marqua une pause, puis reprit:
— Si tu veux, tu peux rester dormir ici. Aldo ne rentrera pas avant demain. Tout ce que je te demande, c’est de lui dire que ça s’est bien passé entre nous. Ta lumière est à la tête du lit.
Il éteignit sa lampe et, dans l’obscurité, il eut juste le temps de l’entendre enlever ses chaussures et s’allonger sur le lit d’Aldo avant que le sommeil ne le submerge. Quand le petit jour le réveilla, elle n’était plus là . Elle était partie comme une souris. Le sac de plastique contenant les déchets avait aussi disparu. C’était une brave fille. Il aurait dû lui demander son nom.

"DEUXIEME CHANCE"
Radio France Bleu Vaucluse :
"Un roman bien écrit, super agréable à lire, à se délecter des mots..."
D.M. Benoliel, écrivain :
“intrigue très originale, personnages attachants ; la maison a une atmosphère poétique et est elle-même un personnage”
Le Midi Libre :
“...une étonnante rencontre intergénérationnelle... le pouvoir des mots, immense, et généreux s'il sert l'amour et l'amitié..."
Colette B., avocat :
"Je viens de finir Deuxième Chance. C'est extraordinaire. J'ai été emballée par tout : le sujet inattendu, l'écriture alerte et précise et l'histoire... J'aurais bien avalé quarante pages de plus."
Micheline Verger, écrivain, responsable de bibliothèques :
"... la qualité des rapports humains. L'acculturation est une autre facette du roman . Les difficultés du héros à se reconstruire sont parmi les plus beaux moments du texte. Deuxième chance, est avant tout un roman qui tient en haleine ... l'auteur est avocat... Vu sous cet angle ,filtre aussi une belle leçon d'humanité, celle des hommes qui aiment tout simplement leur métier"
Christian Ingret-Taillard, écrivain, ancien éducateur
" Seconde chance, un excellent livre que l'auteur que je suis et l'éducateur spécialisé que je fus aurait bien aimé avoir écrit... Je le recommande à tous. "
Véronique M..., Avocat :
"Votre talent pour décrire les lieux et les atmosphères permet au lecteur de s'immerger dans le monde que vous créez. L'idée très originale de cette télé-réalité au service du bien. nous laisse sur une note d'espoir à savourer encore un moment après la fin de la lecture..."
Dominique G., chef d'entreprise :
"J'ai été happé dès le premier chapitre. Maintenant, il me suit partout..."
Anne D.-M. :
"Un grand merci pour "2è chance" je l'ai dévoré en une soirée : superbe livre (...). Encore bravo pour "la 2ème chance" bien écrit, bonne intrigue qui tient en haleine et émeut à la fois"
