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les histoires de l'oncle Alcibiade

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LES CHOSES AU-DESSOUS DES CHOSES

- Extrait -

 

Le marécage

 

Après l’épisode mouvementé de l’orage, mon oncle Alcibiade s’absenta pendant plusieurs jours de la maison. Je finis par m’en inquiéter auprès de mes parents. Ils me répondirent seulement qu’il était parti pour des examens. Je dus me contenter de cette explication, mais elle me parut curieuse. Mon grand cousin Luc, qui habitait tout près, avait passé un examen pour l’entrée en sixième, mais il était revenu aussitôt. Finalement, mon oncle revint et, dès le lendemain de son retour, il me demanda de l’accompagner pour sa promenade au bord du canal. Il eut plus de peine que de coutume à monter la petite pente, et se retint à plusieurs reprises à mon épaule.

« Ces examens m’ont un peu fatigué, me dit-il d’une voix essoufflée, mais maintenant, ça va aller. »

Nous avions atteint le terrain plat, et il fit encore quelques dizaines de mètres d’un meilleur pas, respirant avec ostentation les parfums tièdes de cette après-midi de printemps.

« Tu sens ces bonnes odeurs ? m’interrogea-t-il. Il désigna un papillon qui voletait de primevère en primevère. Je ne suis pas le seul à les apprécier. Regarde-le, celui-là, avec ses cocardes sombres sur les ailes. Son chemin jusqu’aux fleurs, c’est la poussière invisible des parfums, plus légère que celle que tu peux apercevoir au grenier dans un rayon de soleil. »

Je l’avais dépassé de quelques pas et je me livrai à la même expérience. Comme je l’avais vu faire, bouche fermée, yeux mi-clos, je rejetai ma tête en arrière pour prendre une grande inspiration. Mais cela me parut beaucoup moins agréable qu’il ne me l’avait annoncé.

« Ça pue, dis-je. »

Mon oncle me reprit d’un ton sévère :

« On ne dit pas " ça pue ", on dit " ça ne sent pas bon ". Et d’abord, moi je trouve que tout sent très bon, ici.

— Ah, non ! insistai-je. »

Un peu décontenancé de me voir lui tenir tête ainsi pour la première fois, mon oncle s’approcha de moi, se baissant même un peu pour placer son nez à la hauteur du mien. Il se redressa.

« Tu as raison, fit-il en s’approchant de la rive. Ça doit être la vase du canal... Non pourtant... »

Il s’était incliné à nouveau, cette fois au-dessus de l’eau, et je craignis tellement de le voir tomber que je me ruai sur lui pour le retenir par le pan de sa veste, ne le lâchant que lorsqu’il fut revenu au milieu du chemin. Là, il fronça le nez, tourna lentement sur lui-même, s’arrêta, puis hocha le menton vers le taillis.

« Ca vient de là ! laissa-t-il tomber alors.

— Je vais voir, criai-je aussitôt. »

Et, sans tenir compte de ses protestations, je me précipitai dans la direction qu’il avait indiquée. Un petit sentier s’ouvrait à la lisière du taillis. Un peu en contrebas, cachée dans la végétation, je découvris une mare dont provenait , à n’en pas douter, l’odeur nauséabonde qui nous avait intrigués. Mon oncle m’avait suivi, et il observait l’endroit avec l’attention sourcilleuse qui lui était habituelle.

« Cela me fait penser à ma jeunesse, quand j’étais en Guyane », finit-il par dire...

 

 

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Commentaires

 

 

Stavrina Lampadari, poète, écrivain,

«un sentiment profond et de douceur parcourt le texte, je sens qu’il parle directement à notre enfant intérieur, souvent si maltraité, abandonné, presque oublié»

 

Fanny Inesta, journaliste, chroniqueur artistique et littéraire

«Je viens de terminer votre livre et j’y ai pris beaucoup de plaisir. C’est tout d’abord très bien écrit, c’est tendre, délicat, poétique. Le genre de livre où l’on se sent soudain meilleur, apaisé, avec un regard indulgent sur les autres et un vrai regard sur les choses! Une très jolie histoire dont certains passages ont rassuré mon petit fils de 8 ans...»

 

J.-C. Guézennec, agrégé de lettres classiques, cinéaste, fondateur du Centre normand d’études cinématographiques (C.N.E.C.) et de l’Institut régional de l’image et du son (I.R.I.S.).

«J’ai été profondément touché par la façon dont cet oncle a-typique mais profondément humain avait su faire découvrir à ce petit garçon des réalités fondamentales en l’invitant à explorer avec ses cinq sens la réalité du monde et en tirer une merveilleuse philosophie. C’est simple, juste et profond...»

"Les choses au-dessous des choses"

est enrichi d'illustrations de "Maptiv" (alias Martin Meunier)

que vous pouvez découvrir en cliquant ici

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