GEORGES MEUNIER

        Sous le pont transbordeur coule la Seine... L'émotion amoureuse, la nostalgie, colorent en demi-teintes l'histoire de Pauline et Roland, passionnément épris l'un de l'autre, pour qui les années 1930 à 1950 dans une ville de Rouen bouleversée et meurtrie, à travers la guerre, la captivité et l'exode, sont aussi les plus belles années de leur vie. Rien, pas même le temps, ne les effacera. Rien ne dissipera non plus le regret de n'avoir su mieux aimer encore.

        Le Rouen de cette époque est aussi un protagoniste du roman. Le récit suit la mutation de la ville, entre la cité d'avant-guerre avec ses terrasses des bords de Seine, l'hécatombe des bombardements, et la reconstruction d'une ville dont le centre ne connaît plus son fleuve que pour le franchir.

        La rencontre de Pauline et Roland sur le Pont transbordeur va sceller un destin commun dont ils ne peuvent imaginer les vicissitudes, malgré l'amplification, déjà, des troubles sociaux et les bruits de bottes aux frontières. Au travers de la guerre, des bombardements, de l'exode, de la captivité, de la peur et de l'insupportable éloignement, de la maladie enfin, il arrivera à chacun de ne plus croire en lui-même. Mais jamais ils ne cesseront de croire l'un en l'autre et de reconstruire indéfiniment le lien qui les unit. Pourtant, quand apparaît le bout du chemin, est-on certain d'avoir fait tout ce qu'on aurait dû ? Qu'importe. Si l'on a aimé, cet amour demeure à jamais.

        "Le passé ne disparaît pas. C’est nous qui nous en éloignons, jusqu’à ne plus pouvoir l’apercevoir, comme on perd insensiblement de vue une côte lointaine."